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TDAH et Yoga : Transformer l’agitation en sagesse

  • kumarila
  • 13 juin
  • 11 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 5 jours

TDAH et Yoga : Apaiser le mental, réveiller le corps

TDAH & Yoga : une force en mouvement
TDAH et Yoga

TDAH et Yoga : Transformer l'hyperactivité en sagesse du mouvement

Ce document explore la relation entre le Trouble du Déficit de l'Attention avec Hyperactivité (TDAH) et la pratique du yoga, à travers un témoignage personnel enrichi de réflexions philosophiques et scientifiques. L'auteur partage comment le yoga lui a permis de transformer ce qui était perçu comme un trouble en une force, offrant des perspectives pour ceux qui vivent avec le TDAH.

Un cerveau hors-norme, un monde inadapté

Je suis TDAH. Ces quatre lettres m'ont longtemps collé à la peau comme une étiquette de trop : "trop impulsif", "trop dispersé", "trop rêveur", "trop lent… ou trop rapide". À l'école, je me suis souvent senti inadapté. Mon mode de traitement de l'information n'entrait pas dans les cases. J'avais besoin de vibration, de sens, de passion. Or, le système scolaire, trop souvent métrique, linéaire et déconnecté du corps, étouffe les cerveaux non conventionnels.

Et pourtant, j'ai avancé. J'ai obtenu un Deug de Langues (LCI Anglais), un Deug de Psychologie, et j'ai poursuivi jusqu'au Capes de Philosophie. Ce n'est pas la logique ou la rigueur scolaire qui m'ont porté jusque-là, mais la force de la passion. J'apprenais en images, en émotions, en rythme. Je structurais mes dissertations de philosophie en suivant une cadence intérieure — non pas rigide, mais vivante.

La rencontre avec le yoga : un retournement intérieur

Aujourd'hui, je suis enseignant de yoga, formateur et accompagnant. Le yoga n'a pas été un choix intellectuel, mais un appel. Cette discipline millénaire m'a offert quelque chose que ni l'école, ni la société, ni même la médecine ne m'avaient proposé : le silence intérieur.

Grâce à la respiration (pranayama), à la méditation (dhyāna), à la pratique posturale (āsana), j'ai appris à canaliser l'agitation mentale, à redonner au corps une place centrale dans le traitement des émotions et à honorer ce que j'avais longtemps vécu comme une faiblesse : mon hypersensibilité.

Le TDAH n'est pas une erreur. C'est une autre façon de ressentir le monde. Mais il faut un langage, un outil, un pont. Le yoga est ce pont. Il nous reconnecte au rythme naturel, à l'instant présent, là où l'esprit TDAH papillonne d'un futur angoissé à un passé douloureux.

Philosophie du désordre : penser avec le TDAH


Le philosophe Nietzsche disait : « Il faut du chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse. » Le TDAH est ce chaos — non pas destructeur, mais originel, fertile. Ce désordre intérieur peut devenir un feu sacré quand on cesse de le combattre et qu'on commence à l'honorer.

Le yoga n'est pas une méthode de dressage, mais d'apprivoisement. Il n'enseigne pas à faire taire la pensée, mais à l'observer. Le souffle devient le fil d'Ariane dans le labyrinthe mental. Et chaque posture est une porte vers une conscience incarnée.

Le philosophe Merleau-Ponty écrivait que « le corps est notre moyen de communiquer avec le monde. » Pour une personne TDAH, souvent envahie par un trop-plein de stimuli, revenir au corps, c'est enfin reprendre la parole autrement — par le ressenti, le geste, la présence. Il m'en a fallu du temps pour comprendre pourquoi le corps me passionnait autant ! Pourquoi je passais souvent par lui pour exprimer ce que le verbe ne pouvait pas dire ou bien ce que l'oreille sociale ne voulait pas entendre .

« Il faut du chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse. » - Friedrich Nietzsche

Cette citation de Nietzsche résonne profondément avec l'expérience du TDAH. Le chaos intérieur, souvent perçu comme un défaut, peut être la source même de notre créativité et de notre force. Le yoga nous aide à transformer ce chaos en énergie constructive, à l'image d'une étoile qui naît des turbulences cosmiques. Chaque pause respiratoire, chaque méditation , sont l'occasion privilégiée d'une écoute bienveillante sur ce qui m'amine à l'intérieur.

La philosophie du yoga nous enseigne une vérité fondamentale : l'équilibre ne vient pas de l'absence de mouvement, mais de la conscience du mouvement. Cette perspective est particulièrement libératrice pour les personnes atteintes de TDAH (Trouble Déficitaire de l'Attention avec Hyperactivité).

En effet, pour ces individus, l'agitation et l'hyperactivité sont souvent perçues comme un handicap, quelque chose à supprimer ou à contrôler. Mais le yoga nous invite à changer de regard. Il ne s'agit plus de lutter contre cette "agitation", mais de l'observer, de la comprendre et finalement de la transformer en une danse intérieure harmonieuse.

Car le TDAH n'est pas un défaut, mais plutôt une façon différente de percevoir et d'interagir avec le monde. C'est une forme de neurodiversité qui, lorsqu'elle est accueillie avec bienveillance et accompagnée avec les bons outils, peut devenir une véritable source de créativité, d'intuition et de sagesse.

Le yoga, avec ses pratiques de respiration, de méditation et de postures, offre justement ces outils précieux. Il permet de cultiver la conscience du mouvement, d'apprendre à se relier à son corps et à ses émotions, tout en développant la patience et la flexibilité mentale. Ainsi, l'hyperactivité n'est plus un problème à résoudre, mais une énergie à canaliser et à mettre au service d'une vie plus épanouie.

Cette approche philosophique nous invite à considérer le TDAH non comme un déficit à combler, mais comme une manière différente d'être au monde, riche de potentialités uniques. Le yoga devient alors non pas un remède, mais un compagnon de route qui nous aide à naviguer dans notre propre complexité.

Ce que dit la science : TDAH, yoga et neuroplasticité ÂTDAH et Yoga

Les recherches en neurosciences confirment ce que la tradition yogique pressent depuis longtemps : la respiration consciente, la méditation et les pratiques corporelles modifient durablement le cerveau.

De nombreuses études ont démontré les bienfaits du yoga pour les personnes atteintes de TDAH (Trouble Déficitaire de l'Attention avec Hyperactivité). Une étude publiée dans le Journal of Attention Disorders (Chimiklis et al., 2018) a notamment mis en évidence que le yoga améliore l'attention, la régulation émotionnelle et la gestion du stress chez les enfants et adolescents concernés.

Ces effets bénéfiques s'expliquent en partie par une meilleure activité du cortex préfrontal, une région du cerveau impliquée dans les fonctions exécutives comme la concentration et le contrôle des impulsions. Ainsi, la pratique du yoga permettrait de mieux canaliser cette énergie souvent considérée comme un "défaut" dans notre société.

Au-delà des aspects neurophysiologiques, le yoga offre aussi un cadre philosophique riche pour appréhender le TDAH sous un angle plus positif. Il invite à voir l'hyperactivité non pas comme un problème à résoudre, mais comme une forme de neurodiversité à accueillir avec bienveillance et à mettre au service d'une vie plus épanouie.

En cultivant la conscience du mouvement, la flexibilité mentale et la régulation émotionnelle, le yoga aide les personnes atteintes de TDAH à transformer leur "agitation" en une véritable source de créativité, d'intuition et de sagesse. Loin d'être un handicap, le TDAH peut ainsi devenir un atout précieux dans un monde en quête de nouvelles perspectives.

De nombreuses études ont montré que la méditation de pleine conscience (mindfulness) peut être particulièrement bénéfique pour les personnes atteintes de TDAH (Trouble Déficitaire de l'Attention avec Hyperactivité). Une recherche menée par Zylowska et al. (2008) a notamment mis en évidence que cette pratique active les réseaux du "mode par défaut" (Default Mode Network) dans le cerveau.

Le mode par défaut correspond à l'activité cérébrale de base, lorsque l'on n'est pas engagé dans une tâche spécifique. Chez les personnes TDAH, cette connectivité entre les zones frontales et pariétales est souvent sous-développée, ce qui peut expliquer certaines difficultés attentionnelles.

Or, la méditation de pleine conscience permet justement de renforcer ces connexions neuronales. En cultivant la conscience du moment présent, elle aide le cerveau à mieux s'autoréguler et à trouver un équilibre entre l'activité mentale soutenue et les phases de repos.

Ainsi, en complément des pratiques physiques du yoga, la méditation de pleine conscience offre un outil puissant pour transformer l'hyperactivité en une forme de sagesse du mouvement, au service d'une vie plus épanouie et en harmonie avec soi-même.

Le système nerveux autonome joue un rôle essentiel dans la régulation de nos fonctions physiologiques de base, comme la fréquence cardiaque, la pression artérielle ou la digestion. Chez les personnes atteintes de TDAH, ce système est souvent déréglé, avec une hyperactivation du système sympathique (dit "de l'action") au détriment du système parasympathique (dit "du repos et de la digestion").

Cette hyperactivité du système nerveux sympathique se traduit par une sensation constante de stress et de tension, rendant difficile l'atteinte d'un état de calme et de détente. Heureusement, certaines techniques de respiration issues du yoga permettent de stimuler le nerf vague, aussi appelé vagal tone.

Des exercices comme Nadi Shodhana (respiration alternée par les narines) ou Ujjayi (respiration océanique) activent ce nerf vague, qui fait partie du système parasympathique. Cela a pour effet de rééquilibrer le système nerveux autonome, en favorisant un état de relaxation et de meilleure régulation émotionnelle.

Ainsi, en complément des postures dynamiques du yoga, ces pratiques de respiration consciente constituent un outil précieux pour apaiser le système nerveux des personnes atteintes de TDAH, et les aider à mieux réguler leurs états d'activation et de stress.

Ces découvertes scientifiques sont particulièrement encourageantes car elles démontrent que les pratiques yogiques ne sont pas simplement des techniques de relaxation temporaires, mais des outils qui peuvent réellement transformer la structure et le fonctionnement du cerveau TDAH. La neuroplasticité, cette capacité du cerveau à se réorganiser tout au long de la vie, offre un espoir concret aux personnes vivant avec le TDAH.

Les techniques de respiration yogique, en particulier, semblent jouer un rôle crucial dans cette transformation. En régulant le système nerveux autonome, elles permettent de sortir du cycle d'hyperactivation sympathique (réponse de stress) qui caractérise souvent le TDAH, pour favoriser l'activation parasympathique (réponse de relaxation). Ce rééquilibrage neurophysiologique crée les conditions optimales pour une meilleure attention et une régulation émotionnelle plus efficace.

Une transmission vivante : de moi à mon fils

Aujourd'hui, mon fils est lui aussi diagnostiqué TDAH. Nous partageons cette particularité, ce cerveau en ébullition, cette sensibilité au monde. Nous sommes tous les deux sous traitement, mais nous savons que le médicament n'est pas une fin. Il n'est qu'un outil temporaire. Le vrai travail est ailleurs : dans la conscience, le mouvement, le souffle, l'estime restaurée et la patience . Celle que l'on cultive dans la difficulté, parfois dasnune forme de souffrance, d'incompréhension.

Transmettre le yoga à son propre enfant atteint de TDAH n'est pas une mince affaire. Je ne vais pas vous mentir, cependant, c'est un processus riche et inspirant, qui témoigne de la puissance de cette pratique à transformer nos vies.

Plutôt que d'imposer le yoga, il s'agit d'en faire un compagnon de route, un témoin silencieux de notre propre cheminement. Mon fils, à 13 ans, observe ma pratique, mon enseignement, mon discours avec mes élèves. Il en est le spectateur attentif, laissant ces petites graines germer à leur rythme.

Nous respirons ensemble, nous rions ensemble. Pas de leçons, pas de forçage, mais une présence bienveillante et une invitation à explorer ce chemin à son propre tempo. Car c'est en cultivant cette sagesse du mouvement, cette conscience du moment présent, que le TDAH peut se transformer en une force créatrice.

Chaque pas compte, chaque expérience vécue ensemble est une opportunité de se reconnecter à soi, de trouver un équilibre entre activité et repos. Ainsi, la transmission du yoga devient un acte d'amour et de confiance, qui redonne sa juste place à la singularité de chacun.

La pratique du yoga devient un langage commun, un espace de partage où père et fils peuvent se rencontrer au-delà des mots, dans la simplicité du souffle et du mouvement. Très petit il adorait le partager avec moi . Aujourd'hui à l'aube de l'adolescence c'est bien plus compliqué mais quand il est présent à un de mes cours je le vois s'apaiser voir même s'endormir

Partager le yoga avec son enfant ce n'est pas forcément faire des postures. C'est se connecter l'un à l'autre dans un moment sincère, un partage profond.

Au-delà des techniques, c'est une manière d'être ensemble, de se découvrir mutuellement. Chacun à son rythme, chacun avec ses particularités, ils explorent cette voie du yoga comme un chemin vers plus d'équilibre et de paix intérieure.

Ce n'est pas une leçon à sens unique, mais un dialogue silencieux, une danse subtile où les rôles s'inversent parfois. L'un enseigne, l'autre observe ; l'un guide, l'autre suit. Dans cette réciprocité, ils apprennent l'un de l'autre, se nourrissent mutuellement.

Ainsi, le yoga devient bien plus qu'une simple activité physique. C'est un moyen de se rapprocher, de se comprendre, de se soutenir. Une pratique vivante, ancrée dans leur relation, qui transcende les défis du TDAH pour révéler la beauté d'un lien père-fils unique et précieux..

Apprendre l'autorégulation est un processus long et parfois frustrant avec un enfant atteint de TDAH. Malgré nos efforts pour lui enseigner des techniques de respiration, il n'est pas toujours réceptif. Mais il ne faut pas se décourager pour autant.

Même si 9 fois sur 10 cela semble être un échec, l'information est bel et bien là, ancrée dans son esprit. Il arrive que, par hasard, il soit confronté à ces mêmes techniques par un autre adulte - psychologue, scientifique, etc. - et qu'il s'en empare alors avec enthousiasme, fier de pouvoir les défendre et les mettre en pratique.

C'est ainsi que se construit l'éducation, sans certitude mais avec un amour profond à transmettre. Chaque nouvelle exposition, chaque nouvelle expérience, contribue à ce cheminement d'apprentissage de l'autorégulation, à son rythme et à sa manière. La patience et la bienveillance sont essentielles pour accompagner ces enfants hors-normes.

Cette transmission va bien au-delà des postures. C'est une philosophie de vie que je partage avec mon fils : l'acceptation de soi, la bienveillance envers son propre fonctionnement, la patience face aux défis. En lui montrant comment j'ai apprivoisé mon propre TDAH (ou presque ..), je lui offre un modèle possible, tout en respectant sa propre voie.

Ensemble, nous explorons comment cela peut devenir un allié quotidien, un refuge dans les moments difficiles, une célébration dans les moments de joie. Cette profondeur partagée crée un lien unique entre nous, une complicité silencieuse qui transcende les mots et nous unit dans une compréhension mutuelle profonde de ce que signifie vivre avec un cerveau TDAH.


Repenser la norme, redonner confiance

Le TDAH n'est pas une maladie à guérir, c'est une force à canaliser. Là où l'école standardise, le yoga individualise. Là où la société juge, le yoga accueille. Là où le trouble nous exile, la pratique nous réintègre.

Bien trop souvent, le TDAH est réduit à un simple trouble, une anomalie à corriger. Mais cette vision limitée ne fait que renforcer le sentiment d'être différent, d'être inadapté. Or, c'est précisément cette différence qui recèle un immense potentiel.

Ce blog est un témoignage, mais aussi un manifeste : le TDAH ne doit pas être réduit à un trouble. C'est un autre langage. À nous de créer les outils pour l'exprimer, pour le célébrer. Car c'est dans cette diversité que se trouve la richesse de l'être humain.

Loin de vouloir gommer les particularités du TDAH, il s'agit de les valoriser, de les transformer en forces. Le yoga, avec sa philosophie d'acceptation et d'équilibre, devient alors un allié de choix pour canaliser cette énergie débordante et l'orienter vers un mieux-être.

Et si le yoga était l'un de ces outils essentiels ?

Transformation

Le TDAH comme source de créativité et d'innovation

Équilibre

Le yoga comme pratique d'harmonisation des énergies

Acceptation

La bienveillance envers sa propre neurologie

Pour repenser véritablement la norme, nous devons commencer par questionner nos présupposés sur ce qu'est un fonctionnement "normal" du cerveau. La neurodiversité n'est pas une anomalie mais une richesse pour l'humanité. Les personnes TDAH apportent des perspectives uniques, une créativité débordante et une sensibilité particulière qui enrichissent notre monde collectif.

Le yoga, dans sa sagesse millénaire, nous rappelle que chaque être est unique et que le chemin vers l'équilibre est profondément personnel. Il nous invite à honorer notre propre rythme, à cultiver une présence attentive à nos besoins spécifiques, et à développer une relation compassionnelle avec nous-mêmes.

En tant que société, nous avons la responsabilité de créer des espaces où les personnes TDAH peuvent s'épanouir plutôt que de lutter constamment pour s'adapter à des normes qui ne leur correspondent pas. Le yoga peut être l'un de ces espaces, un laboratoire d'exploration où l'hyperactivité devient vitalité, où la distraction devient curiosité, et où l'impulsivité devient spontanéité créatrice.

Finalement, ce n'est pas tant le TDAH qui doit changer pour s'adapter au monde, mais peut-être notre regard collectif sur cette différence neurologique. Et si, plutôt que de voir le TDAH comme un trouble à corriger, nous le considérions comme une invitation à élargir notre conception de la normalité, à embrasser la diversité des fonctionnements humains, et à créer ensemble un monde plus inclusif et plus riche de toutes nos différences ?


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